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21 juin 2023

Rapport CGAAER : La dépendance des industries agroalimentaires à l’égard des biens et services étrangers

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Le 11 mai 2023 le CGAAER (Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux)
a publié un rapport sur les dépendances que connaissent les industries agroalimentaires françaises à l’égard des biens et services étrangers. Le CGAAER rappelle que les crises actuelles de la Covid et de l’Ukraine ne sont pas les causes mais les révélateurs des différentes fragilités du système agroalimentaire français (manque de compétitivité et d’innovation, dépendance aux intrants, dépendance énergétique…). Pour établir ce rapport, le CGAAER a analysé in concreto deux filières dont celle des fruits et légumes afin de dresser la liste des dépendances critiques auxquelles il convient d’apporter une réponse urgente au travers de propositions.

1. Dépendance de la filière fruits et légumes

Équilibre entre la production et la consommation de fruits et légumes :


En 2020, le CTIFL a évalué le taux d’auto-approvisionnement (TAA) à 62,7% pour les fruits et légumes frais (hors agrumes et fruits exotiques). Ce taux recouvre toutefois des réalités disparates. Par exemple, le TAA pour la campagne 2020-2021 était de 121% pour le chou-fleur/brocolis, mais de 31% pour le raisin de table. Ainsi le CGAAER considère dans son rapport que cette dépendance ne peut être qualifiée de critique car ces importations proviennent majoritairement des pays européens ou voisins. De plus, si le TAA se dégrade dans le temps (-11% en 20 ans), cela se fait différemment selon les espèces concernées (relativement faible pour le raisin (de 33% à 30%), mais beaucoup plus marquée pour la pêche/nectarine (de 85% à 57%)). Selon le CGAAER, ces importations ne peuvent pas non plus être qualifiées de dépendances critiques, les produits importés pouvant être substitués en mode dégradé par des fruits et légumes hexagonaux.


Les différents maillons de la production dépendants

  • Des engrais chimiques
  • Des composants de base pour les produits phytosanitaires
  • Du matériel agricole
  • Des énergies
  • De la main d’œuvre saisonnière
  • Et des emballages.

Propositions spécifiques pour la filière fruits et légumes


Au niveau des alternatives possibles pour réduire ces dépendances, le CGAAER voit dans le Plan de souveraineté fruits et légumes le principal appui pour renouveler la filière. Ainsi, la modernisation des serres, la replantation de vergers et la détermination des fruits et légumes qu’il est raisonnable de produire en France métropolitaine ou dans ses outre-mer sont les cibles prioritaires. Sur cette base, un plan de sécurisation des importations doit également être fondé sur la diversification des sources et leur consolidation par voies diplomatique et commerciale.


Le CGAAER propose alors plusieurs solutions concrètes pour la filière :

  • Rejoindre simultanément une attente du marché français et une réduction de notre dépendance aux bases de produits phyto importés en menant un important travail de recherche et de transfert de technologies pour développer des moyens de lutte contre les ravageurs sans produits chimiques néfastes à la santé ou à l’environnement (moyens de lutte biologique, d’amélioration des matériels, de conduite agronomique, de sélection variétale…)
  • Convertir, au titre de la lutte contre le changement climatique, la totalité du parc de serres chauffées avec des énergies fossiles par des énergies renouvelables
  • Engager un travail avec les usines fournissant des emballages en fibre de cellulose (Huhtamaki à l’Ile d’Elle (85), Ecofeutre à Evellys (56), etc) et les fabricants de palettes et cagettes
  • Assurer une juste rémunération des producteurs et des propriétaires fonciers permettant de réengager une augmentation de la SAU consacrée aux fruits et légumes
  • Moderniser les outils de travail au champ
  • Consolider et fidéliser dans le temps le recours à une main d’œuvre saisonnière plus locale

De manière moins urgente, le CGAAER conseille également d’atténuer les dépendances de la filière par le progrès génétique en matière de semence, le stockage tampon de potasse et de phosphate, un travail de sécurisation des données numériques et un partenariat renouvelé avec les transporteurs routiers.

Retrouvez l’intégralité du rapport du CGAAER